Enjeux sociaux et politiques d'Internet

Prof. Boris Beaude & Assist. Virginia Haussauer
UNIL - Master en humanités numériques & Sciences sociales

Objectif

Ce cours vise à offrir aux étudiants une connaissance approfondie des enjeux sociaux et politiques d’Internet.

Contenu

Après l’écriture, le livre, la presse, la radio, le télégraphe, le cinéma, la photographie, le téléphone, puis la télévision, Internet s’inscrit dans le prolongement des techniques de communication. L'acte le plus élémentaire de la communication consiste essentiellement en la transmission d’informations dans l’espace et dans le temps. Ces techniques permirent de transmettre des informations plus loin, plus tard et à plus d’individus, en perfectionnant et en spécialisant régulièrement les moyens de cette transmission.

L’interaction sociale, la constitution des identités, des cultures et des organisations sociales s’est ainsi déployée sur des distances de plus en plus importantes. Cet enseignement propose d’inscrire Internet dans le prolongement de cette histoire des médiations sociales, afin de mieux en saisir la singularité, l’efficience, mais aussi les vulnérabilités. 

Cet enseignement se divise en deux approches distinctes. La première, plus théorique, propose de situer les débats contemporains sur les enjeux sociaux et politiques d’Internet, dans le contexte plus général du changement des modalités pratiques de l’interaction sociale. En changeant profondément l’espace qui est entre nous, Internet crée de nouvelles relations et de nouvelles virtualités constitutives de nos existences, de nos coexistences et de nos existences à venir. Nous discuterons successivement de nombreux enjeux, parmi les plus saillants, soulignant la pluralité des problématiques associées à l’émergence d’Internet, tout en rappelant à quel point il s’agit, essentiellement, de problématiques relationnelles, sociales et politiques. La dimension technique d’Internet sera ainsi toujours située entre les intentions et les actions, comme dispositif, comme projet, en considérant son agentivité, mais aussi l’environnement qui la rend possible (détails des séances ↓).

La deuxième approche, plus pratique, est aussi plus exploratoire. Elle consiste à discuter la rupture qui s’est engagée dans les années 90 lors du déploiement d’Internet. Si les protocoles standards qui prévalurent jusque là furent développés par la suite, dans le contexte de la relation entre machines, puis entre pages, les relations interpersonnelles se sont peu à peu déplacées entre une multitude de médias sociaux (cf. liste non exhaustive ↓), dont la diversité apparente tend à se réduire et à concentrer l’essentiel des pratiques entre quelques acteurs dont le pouvoir est tout à fait inédit. Cette fragmentation des pratiques et cette concentration du pouvoir posent des problèmes spécifiques, qui sont discutés et analysés lors de séances de travail collectif. L’objectif, au fil de séances, est de proposer un standard pour les médiations sociales. Cela exige de discuter les usages actuels, les actes de communications élémentaires, la typologie de ces médiations numériques, les enjeux sociaux et politiques correspondants, avant de proposer ce que pourraient être les bases d’un standard dans ce domaine. L’identification des qualités, des limites et des difficultés d’un tel projet permet, par contraste, de mieux saisir la problématique de son absence (détails des séances ↓).

Notions abordées dans cet enseignement :

Alternative facts, Astroturfing, Biais, Big data, Bitcoin, Blackbox society, Blockchain, Clickbait, Code is law, Code/Space, Cookies tiers, Crowdfunding, Crowdsourcing, Cyberculture, Cyberespace, Cybernétique, Cyberwarfare, Darknet, Deep learning, Deep Web, DeepFake, Digital labor, DNS, DRM (Digital Rights Management), Droit à l’oubli, Droits voisins, Déconnexion, Echo Chamber, Economie de l’attention, Economie du partage, Economies d’échelle, Economie de l'intention, Effets de réseau, Fake news, FEMO (Fear of Missing Out), Filter bubble, Fractures numériques, GAFAM (BATHX, NATU…), Geolocalisation, Gouvernance d’Internet (ICANN, ISOC, IETF, RFC, IGF…), Hacking, IoT, Machine learning, Matérialité, Neutralités du net, P2P, Positivisme, Post truth society, Prédiction, Publicité ciblée, Revenge Porn, Réalité augmentée, Réalité virtuelle, Réductionisme, Slacktivisme, Sécurité, Tor, Virtuel. (détails des séances ↓).

Introductions

mercredi 21 septembre 2022
Introduction - Enjeux sociaux et politiques d’Internet & Open Social Network ?

Cours

Internet ?

Séance C0 - lundi 26 septembre 2022
Internet, un dispositif technique & un espace politique

Séance C1 - lundi 3 octobre 2022
Internet, une utopie ?

Séance C2 - lundi  10 octobre 2022
Code is law ?

Les utopies d’Internet

Séance C3 - lundi 17 octobre 2022
Les utopies d’Internet 1

Séance C4 - lundi  24 octobre 2022
Les utopies d’Internet 2

La gouvernance problématique d'Internet

Séance C5 - lundi 31 octobre 2022
De l’abolition de l’espace… à l’émergence des territoires

Semaine Intercalaire

Séance C6 - lundi 14 novembre 2022
De la gratuité… à la propriété

Séance C7 - lundi 21 novembre 2022
De la liberté d’expression… au ciblage de l’individu

Séance C8 - lundi 28 novembre 2022
De l’intelligence collective… à l’intelligence artificielle

Séance C9 - lundi 5 décembre 2022
De la décentralisation… à l'hypercentralité

Séance C10 - lundi 12 décembre 2022
De la résilience… à la vulnérabilité

Séminaire

Cadrage

Séance S0 - mercredi 28 septembre 2022
Médiations numériques et espaces de médiation

Séance S1 - mercredi 5 octobre 2022
Quels enjeux sociaux ?

Séance S2 - mercredi  12 octobre 2022
Quels enjeux politiques ?

Séance S3 - mercredi 19 octobre 2022
(re)Open Social Media ?

Déclinaisons

Séance S4 - mercredi  26 octobre 2022
Pluralité et espace légitime du politique

Séance S5 - mercredi 2 novembre 2022
Modèles économiques

Semaine Intercalaire

Séance S6 - mercredi 16 novembre 2022
Identité, vie privée et modération

Séance S7 - mercredi 23 novembre 2022
Délégation algorithmique

Séance S8 - mercredi 30 novembre 2022
Architectures (centralisée, décentralisée et distribuée)

Séance S9 - mercredi 7 décembre 2022
Résilience et sécurité

Séance S10 - mercredi 14 décembre 2022
Typologie

Conclusions

Conclusion - lundi 19 décembre 2022
This is not Cyberspace anymore !


Détails des séances ↓

Conclusion - mercredi 21 décembre 2022
Open Social Network ?

Détails des séances ↓

Cours

L’espace qui est entre nous

"The best minds of my generation are thinking about how to make people click ads, that sucks."

Jeff Hammerbacher, 14 avril 2011 

OpteProject

C0. Internet ?

Internet, un dispositif technique, un espace politique

Qu’est-ce qu’Internet ?

Notions (Internet) : suite des protocoles Internet (TCP-IP), commutation de paquets, DNS, Request for Comments (RFC), couche physique, de liaison de données, réseau, transport et application, numérisation.

Notions (Web) : Internet/Web, Hypertexte, HTTP, HTML, CSS, Javascript, Web 2.0, cookie, Ajax.

Gouvernance d’Internet : ISOC, ICANN, IETF, TLD, ccTLD, espace, enjeux sociaux, enjeux politiques

Références ↓

Internet Society, Un bref historique de l’Internet, 1997

CERN, Brève histoire du Web, 2001

Martin Dodge & Rob Kitchin, Atlas of Cyberspace, 2008

freespeech

C1. Cyberespace ?

Internet, une utopie ?

Lecture
John Perry Barlow. 1996. "A Declaration of the Independence of Cyberspace". EFF.
- Version française
- Vidéo

Références ↓

Turner, Fred, 2012, Aux sources de l’utopie numérique  C&F éditions (préface de Dominique Cardon).
Version originale : From Counterculture to Cyberculture: Stewart Brand, the Whole Earth Network and the Rise of Digital Utopianism, 2006, University of Chicago Press.

blockchain

C2. Code is law ?

Internet, du code politique ?

Lecture
Lessig, Lawrence. 2000. "Code Is Law. On Liberty in Cyberspace". Harvard Magazine (traduction française).

Notions : Code is law, code, architecture web, algorithme, PageRank, consentement.

Références ↓

Lessig Lawrence. 1999. Code and Other Laws of Cyberspace. Basic Books (pdf).

Lessig, Lawrence. 2000."Cyberspace’s Constitution, Draft 1.1", Lecture given at the American Academy, Berlin, Germany, February 10, 2000.

Lessig Lawrence. 2006. Code version 2.0. Basic Books (pdf).

digital labor

C3. Les utopies d’Internet

Espaces, gratuités et libertés

Internet abolirait la distance, mais aussi les contraintes territoriales, rendrait négligeables les couts de transmission de l’information et permettrait une expression anonyme et individuelle.

Notions (espaces) : cyberespace, espace, territoire, synchôrisation, ubiquité, pervasivité, télétravail, enseignement à distance, Mooc, virtuel/réalité augmentée/réalité virtuelle

Notions (gratuités) : économie d’échelle, cout marginal, effet de réseau, logiciel libre (free software), free culture, copyleft, creative commons

Notions (libertés) : avatar, anonymat, pseudonymat, nétiquette, newsgroup, pages personnelles, blogs, médias sociaux, lanceurs d’alerte

Références ↓

Lessig Lawrence. 2004. Free Culture, The Penguin Press (version française).

Chris, Anderson. 2009. Free: The Future of a Radical Price Culture, Hyperion.

privacy

C4. Les utopies d’Internet

Intelligence, décentralisation, résilience et neutralité

Internet permettrait de faire émerger de l’intelligence par la simple mobilisation effective des compétences individuelles et serait plus résilient en privilégiant la décentralisation du dispositif technique.

Notions (intelligence) : légitimité a priori / a posteriori, stigmergie, folksonomies, crowdsourcing, crowdfunding

Notions (décentralisation et résilience) : client, serveur, décentralisé, distribué, p2p, RSS, désintermédiation, cybernétique, feed-back, auto-régulation, Neutralité du net

Références ↓

Wu, Tim, Network Neutrality, Broadband Discrimination  Journal of Telecommunications and High Technology Law, Vol. 2, p. 141, 2003.

Lévy, Pierre, 1994, L'Intelligence collective : Pour une anthropologie du cyberspace, La découverte.

discussions

C5. Espaces

De l’abolition de l’espace… à l’émergence des territoires

Internet est de plus en plus confronté aux territoires
politiques, géopolitiques, économies, cultures, ressources…

Notions : Balkanisation d’Internet, fractures numériques, cyberwarfare, ressources (énergies et métaux rares), digital labor, IRL, smart city

Références ↓

Graham, Mark, Straumann, Ralph K et Hogan, Bernie. 2015. "Digital Divisions of Labor and Informational Magnetism: Mapping Participation in Wikipedia", Annals of the Association of American Geographers, vol. 105, n°6, p. 1158‑1178.

intelligencecollective

C6. Economies

De la gratuité… à la propriété

Le coût négligeable de la circulation et de la reproduction de l’information ne signifie aucunement que le cout initial de sa production le soit aussi...

Notions : économie de l’attention, dopamine, économie du partage, économies d’échelle, effets de réseau, bien rivaux, digital labor, DRM (Digital Rights Management), droits voisins, adblocker, longtail, API

Références ↓

Citton, Yves (dir.). 2014. «Introduction» in L'économie de l'attention: Nouvel horizon du capitalisme ?. La Découverte.

Cardon, Dominique et Casilli, Antonio A. 2015. «Qu'est-ce que le digital labor?». INA Editions.

filterbubble

C7. Ciblages

De la liberté d’expression… au ciblage de l’individu

Quelle est la valeur de la liberté d’expression lorsque l’on a plus l’assurance de l’identité de la source ?

Notions : cookies, cookies tiers, tracking, geotraking, gatekeeper, troll, sock puppet/faux-nez, clickbait, fake news, bullshit, post-truth society, deepfake, GPT-3,
publicité ciblée, revenge porn/pornographie involontaire, harcèlement, cyberbullying, sous-veillance, assignation à la transparence, droit à l’oubli, cancel culture,
information overload/surcharge informationnelle

Références ↓

Yochai Benkler, Robert Fais and Hal Roberts, Network Propaganda Oxford University Press, 2018.

Roy Pinker , Fake news & viralité avant Internet, CNRS Editions, 2020.

Sarah T. Roberts, Derrière les écrans, La Découverte, 2020.

smartcity

C8. Délégations

De l’intelligence collective… à l’intelligence artificielle

En l’absence d’auto-régulation, la régulation est de plus en plus déléguée à des algorithmes, sans pour autant être efficiente et explicite...

Notions : Astroturfing, A/B Testing, bulles de filtre, PageRank, black box society, cybernétique, social credit system (Chine), consentement, biais, data driven society, intelligence artificielle, big data, machine learning, deep learning, gouvernance algorithmique

Références ↓

Rouvroy, A. & Berns, Thomas. 2013. «Gouvernementalité algorithmique et perspectives d’émancipation». Réseaux, 177, 1, pp 163–196.

boyd D., Crawford K. 2012. "Critical questions for big data", Information, Communication & Society, 15, 5, pp 662‑679.

Casilli, Antonio. 2019. « En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic ». Seuil.

Joy Buolamwini. 2016."How I'm fighting bias in algorithms", at TEDxBeaconStreet.

O'Neil, Cathy. 2016. "Weapons of Math Destruction: How Big Data Increases Inequality and Threatens Democracy", New York : Crown/Archetype.

Pariser, Eli. 2011. "The Filter Bubble: What the Internet Is Hiding from You", The Penguin Press.

Pasquale, Frank. 2015. "The Black Box Society: The Secret Algorithms That Control Money and Information", Harvard University Press.

Sunstein, Cass R. 2007. "Republic.com 2.0", Princeton University Press.

bigdata

C9. Intermédiations

De la décentralisation… à l'hypercentralité

 La décentralisation du réseau n’assure aucunement celle des pratiques.

Notions : GAFAM (BATHX, NATU…), blockchain (preuve d’enjeu et preuve de travail), bitcoin, hypercentralité, (ré)intermédiation, désintermédiation, réintermédiation, ubérisation, plateformisation, winner takes all

Références ↓

Boullier Dominique, « Politiques plurielles des architectures d'Internet », Cahiers Sens public, 2008/3 (n° 7-8), p. 177-202.

Méadel, Cécile et Francesca Musiani (coord.). 2015. Abécédaire des architectures distribuées. Presses des Mines.

Satoshi Nakamoto. 2009. "Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System". Bitcoin.org.

Satoshi Nakamoto. 2009. "Bitcoin open source implementation of P2P currency".P2P Foundation.

vulnerability

C10. Résiliences

De la résilience… à la vulnérabilité

La résilience du réseau n’assure aucunement celle des dispositifs qui s’y connectent.

Notions : IoT, firewall, Hacking (black & white hat), distributed denial of service (DDoS), surveillance, Wikileaks, Digital Dark Age

netneutrality

Conclusion : Now what ?

This is not Cyberspace anymore!

Lecture
danah boyd. 2016. "It’s not cyberspace anymore . Data & Society: Points.

Séminaire

(re) Open Social Media ?

"We need to re-decentralise the web"

Tim Berners-Lee, Wired, 6 février 2014

Internet s’est développé en plusieurs phases, qui correspondent respectivement à la relation entre les machines (suite TCP-IP), à la relation entre les individus via les machines (courriel - POP, SMTP puis IMAP, Usenet ou IRC), à la relation entre les pages (World Wide Web), puis à la relation entre les individus via les pages (Web 2.0 - Ajax, REST, SOAP...).

Ces standards, qui prévalurent lors du déploiement d’Internet, ont progressivement disparu au profit des médias sociaux et des messageries instantanées. Cette dernière phase, qui s’est développée à la fin des années 90 et particulièrement dans la première décennie du XXIe siècle, marque une rupture très nette avec les phrases antérieures. Ce sont en effet des initiatives privées qui ont assuré ces nouvelles médiations, multipliant l’offre dans un premier temps, avant de la réduire considérablement, quelques entreprises se partageant la majeure partie des médiations contemporaines.

A présent, malgré leur diversité apparente, les médias sociaux partitionnent inutilement les pratiques et imposent des modèles économiques qui se révèlent être de moins en moins appropriés aux communications interpersonnelles. Les rares acteurs qui s’inscrivent dans ce domaine dépendent étroitement de la publicité ciblée. Ce modèle économique les conduits à pousser de plus en plus loin les atteintes à la vie privée et la collecte d’informations personnelles, alors que ces entreprises communiquent très peu sur le traitement de ces données et sur leur partage avec des tiers.

Malgré cette situation, de plus en plus décriée, les alternatives ont beaucoup de mal à émerger. L’absence de standard rend très difficile l’émergence d’alternatives pertinentes, car la valeur des médias sociaux tient essentiellement à ceux qui les utilisent, et les propositions concurrentes rencontrent beaucoup de difficultés à se développer.

Lors de ces séances, nous aborderons cette problématique en cherchant à mieux identifier les usages contemporains des médias sociaux, les enjeux sociologiques et politiques correspondants, les difficultés rencontrées par les offres alternatives et les pistes envisageables pour étendre aux médiations sociales la dynamique qui fut engagée lors du développement d’Internet.

Pour cela, l’offre actuelle sera considérée selon les usages et les composantes élémentaires, afin de mieux en identifier la singularité, mais aussi les similitudes. L’objectif sera de généraliser le plus possible les usages observés, de définir les éléments fondamentaux qui composent les communications opérées par la médiation de ces services, et de concevoir éventuellement les éléments susceptibles de définir un nouveau standard pour la communication interpersonnelle, dans le prolongement de ceux qui furent développés pour les relations entre les machines (Internet), puis entre les pages (Web), et susceptible de succéder au courriel, à Usenet ou à l’IRC, tout en pouvant répondre aux pratiques contemporaines.

socialmedia intro

S0. Médiations

Médiations numériques et espaces de médiation

Lors de cette séance d’introduction, nous (1) aborderons l’enjeu de ces séances, (2) questionnerons la notion de média social et (3) identifierons les médias sociaux que nous souhaitons étudier.
Nous discuterons aussi de la singularité des médiations numériques contemporaines, en les situant sur un temps plus long : (4) en quoi les virtualités de l’action ont-elles changé ?

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S1. Enjeux sociaux

Médiations numériques et relations sociales

Lors de cette séance, nous discuterons plus en détail des enjeux sociaux relatifs au développement des médias sociaux. Il s’agit d’une discussion ouverte, susceptible de poser les bases des défis qu’un standard dans ce domaine devrait relever.

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S2. Enjeux politiques

Espaces de médiations numériques et espace légitime du politique

Lors de cette séance, nous discuterons plus en détail des enjeux politiques relatifs aux enjeux sociaux identifiés lors de la séance 2. Il s’agit d’une discussion ouverte, susceptible de poser les bases de la distinction entre les enjeux sociaux auxquels nous sommes confrontés collectivement et les moyens que nous pourrions mettre en oeuvre pour y répondre.

socialmedia standard

S3. (re)Open Internet

Enjeux politiques d’un standard pour les médias sociaux numériques

Lors de cette séance, nous discuterons plus précisément des enjeux relatifs au développement d’un standard dans ce domaine, sur la base des usages identifiés lors de la séance 1, des enjeux sociaux correspondant identifiés lors de la séance 2 et des enjeux politiques que cela recouvre identifiés lors de la séance 3. L’objectif de cette séance est essentiellement de saisir à quel point un standard recouvre des enjeux sociaux et politiques et les nombreux arbitrages que cela impose.

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S4. Politiques

Pluralité et espace légitime du politique

Lors de cette séance, nous discuterons de l’un des enjeux majeurs qu’un tel standard devrait relever : comment proposer une norme mondiale qui puisse s’adapter à des juridictions locales et plus généralement à l’étendue et à la pluralité du Monde ? Nous discuterons aussi des enjeux relatifs aux ressources environnementales que cela engagent.

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S5. Economies

Modèles économiques

Lors de cette séance, nous discuterons plus précisément des enjeux relatifs au financement des activités qui reposeraient sur un tel standard. Le modèle économique dominant étant celui de la publicité ciblée, comment imaginer un standard qui puisse s’adapter à la pluralité des modèles économiques, et plus généralement à des situations individuelles et collectives très diverses.

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S6. Responsabilités

Identité, vie privée et responsabilité

Lors de cette séance, nous discuterons plus précisément des enjeux relatifs à la confidentialité des médiations numériques. L’enjeu de cette séance est principalement de saisir l’arbitrage problématique entre le respect de la vie privée et l’impératif politique de la responsabilité des actes.

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S7. Délégations

Délégation algorithmique

Lors de cette séance, nous discuterons plus précisément des enjeux relatifs à l’automatisation des principes discutés lors des séances précédentes. L’enjeu de cette séance est de saisir l’impératif de la délégation algorithmique, tout en considérant précisément ce que recouvre une telle délégation en terme d’amplification, de biais et d’explicitation de l’organisation des médiations sociales.

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S8. Architectures

Architectures (centralisée, décentralisée et distribuée)

Lors de cette séance, nous discuterons plus précisément de l’architecture sous-jacente au fonctionnement d'un tel standard. L’enjeu est de considérer les qualités et les vulnérabilités respectives des architectures centralisées, décentralisées et distribuées, 

socialmedia politicalissues

S9. Résilience

Résilience et sécurité

Lors de cette séance, nous discuterons plus précisément des vulnérabilités auxquelles pourrait exposer un tel standard, non seulement en termes d’exposition individuelle, mais aussi collective. L’enjeu de cette séance est de considérer spécifiquement les vulnérabilités qu’un tel standard serait susceptible de créer dans l’éventualité où il était adopté.

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S10. Typologie

Typologie des medias sociaux

Lors de cette séance, nous tenterons d’établir une typologie des médias sociaux et de ce qui les caractérise. L’enjeu de cette séance est de saisir ce qui définit et singularise les différents médias sociaux, comme autant d’options politiques qui peuvent être débattues et disputées.

socialmedia alternatives

Conclusion

Standard pour les médias sociaux numériques ?

Lors de cette dernière séance conclusive, nous reconsidèrerons rétrospectivement la pluralité des enjeux qu’un tel standard recouvre. L'objectif de cette séance est principalement d’expliciter les choix politiques que recouvrerait un standard pour les médiations sociales, mais aussi l’absence d’un tel standard. Dans un tel cas, des choix sont tout de même opéré, mais sans être mis en oeuvre de manière explicite et délibérative.

Slides

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Introduction

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Internet ?

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Utopies

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Gouvernances

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Standard

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Conclusion

noflux

Actualité

No-Flux

Ce blog présente une sélection de l’actualité. Il s’agit essentiellement d’extraits non commentés d’articles de presse, qui font l’objet d’un traitement développé lors des séances.
Les sujets traités dépassent parfois le programme de cet enseignement et s’inscrivent plus généralement dans le programme du master en humanités numériques de l’UNIL.

No-Flux

Bibliographie

Beaude, Boris. 2012. Changer l’espace, changer la société. Editions Fyp (Internet Ends, Network Notebook, 2016, english version, CC BY-NC-SA).
Beaude, Boris. 2014. Les fins d’Internet. Editions Fyp. 
Beuscart, Jean-Samuel, Eric Dagiral et Sylvain Parasie  (dir.). 2016. Sociologie d’internet, Armand Colin.
Boullier, Dominique. 2016. Sociologie du numérique. Armand Colin.
Cardon, Dominique. 2015. A quoi rêvent les algorithmes. Seuil.
Cardon, Dominique. 2019. Cultures numériques. Presses de Sciences Po.
Méadel, Cécile et Francesca Musiani (coord.). 2015. Abécédaire des architectures distribuées. Presses des Mines.
Le Crosnier, Hervé et Valérie Schafer (dir.). 2019. La neutralité de l’internet : Un enjeu de communication, CNRS Éditions.
Lévy, Pierre. 1994. L'Intelligence collective : Pour une anthropologie du cyberspace, La découverte.
Turner, Fred. 2012. Aux sources de l’utopie numérique, C&F éditions (préface de Dominique Cardon).
Version originale : From Counterculture to Cyberculture: Stewart Brand, the Whole Earth Network and the Rise of Digital Utopianism  2006, University of Chicago Press.

Lectures complémentaires

Abiteboul, Serge et Dowek, Gilles. 2017. « Le temps des algorithmes ». Le Pommier.
Barabási, Albert-László. 2016. "Network Science". Cambridge University Press.
Barats, Christine. (dir.). 2016. Manuel d'analyse du web, Armand Colin.
Barnes, Trevor J. 2013. "Big data, little history''. Dialogues in Human Geography, 3, 3, pp 297–302.
Benkler Yochai, Robert Fais and Hal Roberts. 2018. Network Propaganda, Oxford University Press.
Beuscart, Jean-Samuel, Eric Dagiral et Sylvain Parasie (dir.). 2016. « Sociologie d’internet », Paris : Armand Colin.
boyd danah., Kate Crawford. 2012. "Critical questions for big data", Information, Communication & Society, 15, 5, pp 662‑679.
Cardon, Dominique. 2013. « Dans l’esprit du PageRank. Une enquête sur l’algorithme de Google », Réseaux, n° 177, 1, pp 159-198.
Cardon, Dominique et Antonio Casilli. 2015. « Qu'est-ce que le digital labor? ». INA Editions.
Casilli, Antonio. 2019. « En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic ». Seuil.
Citton, Yves (dir.). 2014. « L'économie de l'attention: Nouvel horizon du capitalisme ? ». La Découverte.
Dodge, Martin & Rob Kitchin. 2005. "Code and the Transduction of Space". Annals of the Association of American Geographers, 95, 1, pp 162–180.
Donath, Judith et danah boyd. 2004. "Public Displays of Connection", BT Technology Journal, vol. 22, n° 4, p. 71‑82.
Graham, Mark, Ralph K Straumann et Bernie Hogan. 2015. "Digital Divisions of Labor and Informational Magnetism: Mapping Participation in Wikipedia", Annals of the Association of American Geographers, vol. 105, n°6, p. 1158‑1178.
Greenfield, Adam. 2017. "Radical Technologies. The Design of Everyday Life". Verso.
Kitchin Rob. 2013. "Big data and human geography: Opportunities, challenges and risks", Dialogues in Human Geography, 3, 3, pp 262‑267.
Lazer, David et al. 2009. "Computational Social Science". Science, 323, 5915, pp 721–723.
Lazer, David et al. 2014. "Big data. The parable of Google Flu: traps in big data analysis". Science, 343, 6176, pp 1203–1205.
Lessig, Lawrence. 2000. "Cyberspace’s Constitution, Draft 1.1", Lecture given at the American Academy, Berlin, Germany, February 10, 2000.
Lessig, Lawrence. 2004. Free Culture, The Penguin Press (version française).
Lévy, Jacques. 1994. "L’espace légitime : sur la dimension géographique de la fonction politique", Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.
Lussault, Michel & Mathis Stock. 2010. "Doing with space: towards a pragmatics of space". Social Geography, 5, 1, pp 11–19.
Mayer-Schonberger, Victor & Kenneth Cukier. 2013. "Big Data : A Revolution That Will Transform How We Live Work and Think". Houghton Mifflin Harcourt.
Martin, Olivier et Eric Dagiral (dir.). 2016. « L’ordinaire d’internet. Le web dans nos pratiques et relations sociales », Paris : Armand Colin.
McLuhan, Marshall. 1969. "An Interview with Marshall McLuhan". Playboy, mars 1969.
Merzeau, Louise. 2009. « Présence numérique : les médiations de l'identité », Les Enjeux de l'information et de la communication, 2009, 1, p. 79‑91.
Musiani, Francesca. 2015.Nains sans géants. Architecture décentralisée et services Internet. Presses des Mines.
Nakamoto, Satoshi. 2009. "Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System". Bitcoin.org.
Nova, Nicolas. 2009. « Les médias géolocalisés: comprendre les nouveaux espaces numériques ». FYP.
Nova, Nicolas. 2020. « Smartphones. Une enquête anthropologique ». mētispresses.
Pariser, Eli. 2011. "The Filter Bubble: What the Internet Is Hiding from You", The Penguin Press.
Pasquale, Frank. 2015. "The Black Box Society: The Secret Algorithms That Control Money and Information". Harvard University Press.
Pentland, Alex. 2014. "Social Physics: How Good Ideas Spread-The Lessons from a New Science". The Penguin Press.
Pinker, Roy. 2020. Fake news & viralité avant Internet, CNRS Editions, 2020.
Roberts, Sarah T. 2020. Derrière les écrans, La Découverte.
Rouvroy, Antoinette. & Thomas Berns. 2013. « Gouvernementalité algorithmique et perspectives d’émancipation ». Réseaux, 177, 1, pp 163–196.
Schneier, Bruce. 2015. "Data and Goliath: The Hidden Battles to Collect Your Data and Control Your World", New York : W. W. Norton & Company.
Sunstein, Cass R. 2007. "Republic.com 2.0", Princeton University Press.
Tufekci, Zeynep. 2008. "Grooming, gossip, Facebook and MySpace", Information, Communication & Society, vol. 11, n° 4, p. 544‑564.
Tufekci, Zeynep. 2014. "Engineering the public: Big data, surveillance and computational politics", First Monday, vol. 19, n° 7.

Autres communications

Anderson, Chris. 2008. "The end of theory". Wired magazine, 23 juin 2008.
Anderson, Chris. 2009. Free: The Future of a Radical Price Culture, Hyperion.
Barlow, John Perry. 1996. "A Declaration of the Independence of Cyberspace". EFF, 8 février 1996.
boyd, danah. 2016. "It’s not cyberspace anymore". Data & Society: Points, 5 février 2016.
Harford, Tim. 2017. "A way to poke Facebook off its uncontested perch", The Economist, 3 novembre 2017.
Les décodeurs. 2018. « Comment les fausses informations circulent sur Facebook ? », Le Monde.
Lessig, Lawrence. 2000. "Code Is Law. On Liberty in Cyberspace", in Harvard Magazine, 1 janvier 2000.
Nakamoto, Satoshi. 2009. "Bitcoin open source implementation of P2P currency". P2P Foundation.

Evaluations

Cet enseignement est validé par la remise de deux documents :

1. une « déclaration d’indépendance du cyberespace », dont la longueur ne doit pas dépasser celle de John Perry Barlow (cf supra).

2. une analyse personnelle des médiations sociales numériques contemporaines.

1. « Déclaration d’indépendance du cyberespace »

La « déclaration d’indépendance du cyberespace » est un document simple, destiné à un large public, qui présente une proposition personnelle des enjeux sociaux et politiques d’Internet. Le titre est libre et peut être adapté au contenu de la déclaration. Ce document est obligatoire et doit être individuel. En revanche, la subjectivité de la proposition faisant partie de la démarche, ce document ne sera pas évalué. 

2. Analyse personnelle des médiations sociales numériques contemporaines

L'analyse personnelle des médiations sociales numériques contemporaines constitue le rendu principal de cet enseignement. Il est réalisé par groupe de deux étudiants. En s’inspirant des séances pratiques et théoriques, ce document devra proposer une analyse structurée selon le plan suivant :

2.1. Présentation synthétique de la situation actuelle et des tensions problématiques qui engagent à considérer la dimension sociétale des médiations numériques. 

2.2 Présentation des options passées et actuelles et explicitation des raisons probables de leurs succès (Facebook, Instagram) et de leurs échecs (Google+, Diaspoara…).

2.3 Déclinaison des problématiques relatives à l’économie, la responsabilité, la délégation, l’architecture et la résilience des architectures qui organisent les médiations sociales numériques (séances S5, S6, S7, S8 et S9). 

2.4. Synthèse de la gouvernance problématique des usages (interactions), des enjeux sociaux (coexistences) et des enjeux politiques (gouvernance des coexistences) relatifs aux médiations sociales numériques (séances S0, S1, S2 et S4)

2.5. Analyse de la pertinence d’un standard pour les médiations sociales numériques (S3, S10 et conclusion)

Ce document a surtout vocation à encourager une analyse personnelle qui engage à saisir les dimensions sociales et politiques d’Internet. Elle a vocation à souligner le risque d'une double essentialisation d’Internet, comme de la politique, qui n’en discuterait pas leurs dynamiques respectives, mais aussi l’intrication et la consubstantialité. 

La réflexion sur la pertinence d’un standard pour les médiations sociales numériques a quant à elle vocation à questionner la privatisation des médiations sociales, en l’inscrivant dans l’histoire d’Internet depuis les années 80, et en soulignant les enjeux sociétaux correspondants.

Ce document doit être composé de 25 000 signes (+/- 10%), accompagné de références (bibliographie, articles de presse, sites…). Le nombre de signes comprend les espaces et les notes de bas de page.

La qualité de la « Déclaration d’indépendance du cyberespace » et la contribution à la qualité des débats lors des séances pratiques seront prises en compte pour ajuster la note finale (+/- ¼ de point).

Les documents doivent être remis au plus tard le 10 janvier 2023 à 17h au format PDF à l’adresse suivante : rendus_espi AT beaude.net.

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